15 février 2007

Echange International avec le Brésil

"A deux on possède mieux la vie, on s'en échange les contraintes, on passe du pourquoi au comment".
Jean-Pierre Guay

Histoire d’une rencontre


Le groupe de jeunes comédiens de l'association Quatro Varas est venu à Grenoble dans le cadre de l'année du Brésil. A cette occasion, nous les avons rencontrés ainsi que plusieurs groupes de lycéens grenoblois en option théâtre et chacun a présenté une partie de son travail au cours d'une soirée. Nous avons ainsi pu découvrir le spectacle du groupe de théâtre brésilien qui portait sur la signification du nom de leur association et sur leur vie dans la favela de Fortaleza.
Le samedi suivant, notre compagnie et la leur se sont rencontrées lors d'un atelier théâtral où nous nous sommes transmis nos savoirs culturels et nos façons de travailler. Nous avons en effet organisé des exercices autour de la confiance envers les autres, de l'écoute de l'autre, ainsi que des ateliers sur la voix et sur le corps. Nous avons donc initié un travail pédagogique avec eux.
Cet échange nous a permis de nous rapprocher, de créer des affinités malgré le barrage de la langue et, le soir même, les jeunes nous ont invitées à une soirée brésilienne sur le campus universitaire. Après cette soirée qui nous a d'autant plus rapprochés et enrichis, les brésiliens nous ont proposées de les accompagner, le lendemain, faire de la luge. Nous les avons revus une dernière fois dans un gymnase où ils présentaient leur spectacle et nous avons échangé nos adresses mail afin de pouvoir continuer à communiquer ensemble, ce que nous faisons encore.
Ces journées nous ont donné envie de travailler à long terme avec eux afin de partager, de transmettre nos savoirs, nos expériences et nos modes de vie.

Le projet





A la suite de notre échange, nous nous sommes renseignés sur l'association Quatro Varas, sur les conditions de vie dans la favela et sur la favela en elle même car le projet mis en place dans la favela de Fortaleza nous a touché et fait réfléchir notamment à propos des liens sociaux qui peuvent se créer dans des conditions de vie très difficiles grâce à un groupes de personnes volontaires, impliquées et motivées.

Nous voudrions donc nous aussi participer et œuvrer pour ce projet ; c'est pourquoi nous profitons de la relation qui a été créée entre notre compagnie et la leur en continuant le travail théâtral et en menant des ateliers pédagogiques au sein même de leur association. Cette expérience nous permettrais de découvrir leur politique dans le domaine du théâtre et plus largement, les actions qui sont menées dans l'association pour aider les personnes habitant la favela (telles que l'herboristerie, les massages thérapeutiques, les diverses réunions ...).

Au retour, nous souhaiterions transmettre l'expérience que nous aurons acquise lors de l'échange aux plus jeunes de notre compagnie (la compagnie des Petits Poids) grâce notamment au documentaire que nous allons réaliser (film + montage vidéo). En effet de la même manière que les Brésiliens étaient les ambassadeurs de leur groupe de théâtre lorsqu'ils sont venus à Grenoble, nous nous poserons en ambassadrices de notre compagnie lorsque nous irons à Fortaleza, ce qui permettra d'ouvrir des portes afin d'entretenir des liens entre nos deux associations et peut-être poursuivre des échanges dans le futur entre les autres comédiens et donc indépendamment de nous.

En préparation de ce voyage et afin d'être prêtes à proposer des ateliers aux groupe de théâtre brésilien en Février, nous avons entrepris un travail de préparation touchant à la fois :
- à l'aspect linguistique et culturel : nous suivons des cours de brésilien dispensés par une brésilienne expatriée à Grenoble qui enseigne au lycée international, et nous nous intéressons au patrimoine littéraire du Nord-Est du Brésil,
- à l'aspect social : nous nous sommes renseignés sur l'association Quatro Varas, allons rencontrer leur directeur en Janvier et sommes en contact avec les différents acteurs sociaux des Amis de Quatro Varas (l'association ressource de Quatro Varas sur Grenoble)
- et à l'aspect artistique : nous avons déjà une base de formation pédagogique à l'enseignement du théâtre qui va être approfondi grâce à des pédagogues professionnels de l'association dont nous faisons parti (l'association La Marmite).

Le projet de Quatro Varas

Au Brésil, la région du Nordeste subit régulièrement de longues périodes de sécheresse qui entraîne un exode rural massif vers les favelas (bidonvilles) des grandes villes côtières. Près de 54% de ces personnes n’ont ni acte de naissance, ni carte d’identité. De cette manière, ils n’existent pas aux yeux de l’Etat qui les ignore.
Adalberto Barreto (ethnopsychiatre et professeur de Médecine sociale) et son frère Airton créèrent ensemble dans la ville de Quatro Varas, un espace d’écoute et de parole pour les membres de la communauté. Adalberto proposa l’instauration de séances de « thérapie communautaire » basée sur l’adage « guérir les maux par les mots ». Ce sont des séances hebdomadaires (les jeudis) durant lesquelles les « favelados » (habitants des Favelas), à partir d’une situation-problème apportée par le groupe, expriment leur souffrance, échangent leurs expériences face aux difficultés et leurs manières de les affronter et de les vaincre. Au lieu que la réponse vienne du docteur, elle vient du groupe lui-même.
Au fil des ans et selon ses moyens, le groupe a développé d’autres activités : « la pharmacie vivante », « la maison des soins », « l’atelier d’Art-thérapie », « les groupes de football et surf », « la radio communautaire », « l’Ecole de la vie » et le groupe de théâtre « Zé e Maria » : Animé par Messias, un père de famille habitant dans Pirambu, il rassemble actuellement une quinzaine de jeunes de 8 à 16 ans. Ce groupe offre une autre forme d’expression artistique pour éveiller l’estime de soi et aider à la réintégration des jeunes dans le milieu familial, leur école ou collège, leur communauté. Les sketches présentés, souvent écrits par Messias lui-même, traitent des problèmes liés à la drogue, à l’alcool, au manque d’hygiène mais également aux préjugés, au racisme etc… L’un d’eux met en scène l’histoire du « projet Quatro Vars » et un autre la valeur thérapeutique des plantes médicinales de la « Farmacia viva ».



L’association Grenobloise « les amis de Quatro Varas »

Fondée en 1996, son objectif est de soutenir et de faire connaître en Europe l’œuvre humanitaire du MISMEC (Mouvement Intégré de Santé Mentale Communautaire) ou « projet Quatro Varas » par l’organisation de conférences, la présentation du projet (écoles, collèges, lycée, instituts, associations etc…), la mise en place de formations et de stages.
Appréhender différemment les problèmes de santé mentale ;
Inviter à porter un autre regard sur les populations démunies du Tiers et Quart-Monde ;
Favoriser les échanges inter-culturels…

Aucun commentaire: